10 jours. Quels plans élaborez-vous lorsque vous disposez d’un peu plus d’une semaine de vacances? Vous pouvez rester près de la maison ou opter pour une île tropicale. Mais nous préférons entreprendre un bon vieux road trip, surtout lorsque ce projet nous permet de concrétiser un de nos grands rêves : voir les aurores boréales. C’est ce qui nous a motivés à prendre la route du Nord, et nous savions que février est un des meilleurs mois pour les admirer. Allons-y!
Les températures de -30 °C, la poudrerie et les routes glacées auraient pu freiner l’élan de plusieurs, nous le comprenons fort bien. Mais le moment était idéal pour nous et le Yukon était la destination qui nous appelait. Pour résoudre ces « problèmes », nous avions besoin de pneus d’hiver, de quatre roues motrices et de sièges chauffants. Nous avons donc temporairement échangé notre camionnette Toyota 1990 contre un Tundra 4x4 TRD Sport 2018 et nous avons dit adieu au soleil de Vancouver pour partir à la recherche des aurores boréales.
C’est difficile pour nous d’adhérer au cliché qui dit que c’est le voyage qui compte, et non la destination, surtout lorsque nous sommes gâtés et que nous conduisons notre camion nouvellement emprunté dans les montagnes. Nous avons roulé sur une route sinueuse pour traverser les Rocheuses et le parc national Jasper, et nous avons exploré quelques-uns des milliers de kilomètres carrés d’étendues alpines qui s’offraient à nous. Nous avons vu les puissantes chutes Athabasca, le majestueux mouflon canadien et des troupeaux de wapitis. Des corbeaux effrontés se manifestaient à la moindre occasion, et présentaient toujours leur meilleur profil à la caméra.
Nous avons rapidement atteint Dawson Creek et le tout début de la mondialement célèbre route de l’Alaska.
Le parc provincial Liard River Hot Springs, créé en 1957, comprend une flore végétale diversifiée dans un environnement constitué d’un mélange de marais d’eau tiède et de forêt boréale. Notre seul but étant de tremper nos os fatigués dans les sources d’eau chaude, nous nous sommes dirigés vers le premier bassin. Il neigeait, la température oscillait autour de -8 °C, mais les sources naturelles nous accueillirent chaudement à une température de 42 °C. Voyager pendant la saison morte comporte ses avantages; l’endroit était désert, à l’exception de quelques nouveaux amis.
Durant le projet de construction de la route de l’Alaska, en 1942, Carl K. Lindley, un soldat américain blessé, a passé un peu de temps à Watson Lake, en convalescence. On avait affecté Lindley à des travaux légers, soit réparer les panneaux indicateurs locaux. Lorsqu’il a eu fini, il en a ajouté un indiquant la direction et la distance de sa ville natale, Danville, en Illinois. D’autres n’ont pas tardé à suivre son exemple. Aujourd’hui, on dénombre plus de 70 000 panneaux dans la forêt. Comme nous n’avions aucun panneau à ajouter, nous avons collé un autocollant sur l’un des panneaux et continué vers le nord.
Soyons honnêtes. Les chances de voir les aurores boréales sont en réalité plutôt minces. Une combinaison spéciale de facteurs climatiques est nécessaire pour que les délicates lumières vertes se dévoilent. Les nuits froides d’hiver au Yukon aident à mettre en place certains de ces facteurs. Un ciel exempt de couverture nuageuse, une zone isolée, éloignée de la pollution lumineuse de la ville (ce qui devrait être assez simple, puisque le Yukon compte seulement 35 000 habitants), une activité solaire adéquate et une nouvelle lune (ou presque nouvelle) augmentent la probabilité de voir les aurores. Nous avons passé quatre jours dans une cabane située à l’extérieur de Whitehorse, au Yukon, en attendant que se manifestent les conditions idéales.
Durant le jour, nous avions beaucoup de temps libre. Nous avons donc décidé que tenter une autre première : le traîneau à chiens. Vous savez, lorsque vous dites à votre chien qu’il est temps d’aller marcher et qu’il est tout excité? Imaginez cette énergie surexcitée. Maintenant, au lieu d’aller promener un chien, imaginez qu’il y a six chiens qui vous promènent. Nous nous sommes aventurés le long de la rivière Takhini, avons laissé les chiens courir à leur guise, et nous sentions plus Canadiens que jamais.
1 h du matin et -16 °C. Un temps parfait pour s’aventurer dans la nuit glacée du Yukon. Pas vrai? Le site Web d’Aurora Forecast (www.auroraforecast.com) indiquait que nous avions de bonnes chances de voir un peu d’activité. Quelques recherches en ligne nous ont donné l’idée d’aller à Fish Lake Road, une route située loin des lumières de la ville et présentant une vue dégagée du ciel. Nous nous sommes habillés chaudement et avons quitté le confort de la cabane. L’excitation était grande, mais les attentes étaient tempérées.
Nous avons trouvé l’endroit parfait et avons attendu. Honnêtement, nous n’avons rien vu au départ. Une heure s’est écoulée. Toujours rien. J’ai décidé de sortir l’appareil photo et de prendre des photos à longue exposition juste pour voir si nous verrions quelque chose. Une brume verte était visible à l’horizon, mais seulement sur les photos! Au moins, il se passait quelque chose! Nos attentes ont soudainement commencé à grimper. Quinze minutes plus tard, de fines lumières vertes bougeaient dans le ciel. Nous n’avions jamais rien vu de tel. Nous nous sommes mis à crier et sauter de joie, tellement nous étions contents. Quelle belle façon de conclure notre voyage dans le Nord.
Nous avons parcouru 3 000 kilomètres, de Vancouver à Whitehorse, vu les aurores boréales, avons fait du traîneau à chiens, vu des wapitis, des bisons et des mouflons en pleine nature, et nous avons exploré le Nord comme jamais. Tout ça, en une petite semaine de vacances. Est-ce que ça valait le coup? Certainement!
@desktoglory
Richard et Ashley Giordano